Culture russe et sécularisation

La culture russe, qui peut être considérée comme une culture européenne des confins, n’a connu ni la scolastique (en tous cas, pas avant le XVIIe s.) ni le phénomène de la Renaissance.
Si la littérature (et avec elle l’ensemble de la culture) s’est peu à peu affranchie de ses fonctions « cléricales » (selon le mot d’Etiemble), cela s’est fait de manière soit indirecte – par des phénomènes dits de « compensation » ou relevant de la simple imitation –, soit par un simulacre de sécularisation (en fait, l’écrasement de l’Église par l’État sous Pierre le Grand ou sous le régime communiste) qui a finalement laissé intacte l’emprise du religieux sur la pensée.

La place de l’Église orthodoxe en Russie a toujours été ambiguë : en apparence associée au pouvoir politique, en réalité dominée par lui, elle a souvent été tenue en marge de la société russe moderne, alors que la pensée n’était pas en mesure de prendre son indépendance par rapport au religieux : l’athéisme militant de certains courants de pensée a été souvent regardé comme le revers de cette autonomie jamais vraiment acquise.

On s’interrogera donc sur :

1. l’absence, en Russie, de ce phénomène constitutif de la modernité (la sécularisation)
2. la confusion fréquente, dans la pensée russe, entre sécularisation et athéisme
3. le statut bien particulier d’une religion « nationale » comme l’orthodoxie
4. les rapports entre croyants et incroyants, entre foi et incroyance, dans le contexte de la spiritualité russe
5. la situation de l’Église russe dans la société, aux différentes époques
6. la place du religieux dans la pensée russe actuelle

Programme du colloque :

 
Mardi 20 novembre

14h : Ouverture du colloque (Philippe Martin, Lyon 2)

14h45 : Françoise Lesourd (Université Jean Moulin Lyon 3) : présentation

15h : Pierre Caussat (Université de Paris X-Nanterre) : Propositions pour introduire au problème de la sécularisation

15h30 : Pause

16h : Jean-Dominique Durand (Université Jean Moulin Lyon 3) : Catholiques et orthodoxes face à la question sociale. Pour une approche comparée.

16h30 : Konstantin Ivanov (Centre Comenius, Saint-Pétersbourg) : Le statut de la philosophie religieuse en Russie.

17h : Angela Dioletta Siclari (Université de Parme) : L'individualité source et perte du religieux: deux aspects de la sécularisation dans l'histoire de la pensée russe.

17h30 : discussion

Mercredi 21 novembre

9h30 : Mikhaïl Dmitriev (Université de Moscou) : Une sécularisation impossible ? Eglise-Etat-Nation dans le contexte des discours de la symphonie des pouvoirs dans la culture russe antérieure à Pierre le Grand.

10h : Alexandre Lavrov (Université de Paris-Sorbonne) : Les réformes pétroviennes et la tentative de sécularisation en Russie.

10h30 : Pause

10h45 : Igor Sokologorsky (Ambassade de France, Moscou) : "la sobornost, dimension théologique et sociale".

11h15 : Urszula Cierniak (Université de Częstochowa) : Les questions de la foi, de la sécularisation et d’une religion d’État dans les débats sur la réunion des Églises orthodoxe et catholique dans la Russie du XIXe siècle

11h45 : Ilya Platov (INALCO, Paris) : Sécularisation, religion et mobilisation en Russie pendant la crise d'Orient de 1875-1878

12h15 : Pause déjeuner


14h15 : Tatiana Chtchedrina (Moscou) : Gustav Chpet et la pensée laïque

14h45 : Maria Cymborska-Leboda (Université de Lublin) : Le « modernisme » dans l’orthodoxie russe. Nicolas Berdiaev et sa polémique avec l’église orthodoxe russe en exil. Les débats sur l’hérésie et l’œcuménisme

15h15 : Françoise Lesourd (Université Jean Moulin Lyon 3) : Mystique négative et athéisme moderne chez Lev Karsavine

15h45 : pause

16h15 : Kathy Rousselet (CERI, Sciences Po Paris) : L'église orthodoxe russe dans les années 1980

16h45 : Antoine Arjakovsky : (Collège des Bernardins, Paris) : "Théologie du politique en Russie: V. Tchapline et V. Sourkov"

17h15 : Table ronde

18h : Clôture du colloque