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Philosoph’Art | Exposition par Marta NIJHUIS & les étudiants de Lyon 3
Revisitant l'allégorie de la Caverne de Platon et la pensée philosophique postmoderne, l'artiste et les étudiants philosophes donnent vie à une œuvre - récit kaléidoscopique, faisant du tissu urbain de la ville de Lyon la galerie à ciel ouvert de cette exposition éphémère & nomade.
Exposition d’œuvres de Marta NIJHUIS, artiste en résidence à l’Université Lyon 3
Commissaires d'exposition :
les étudiants du Master 2 Esthétique et cultures visuelles - Promotion 2020-21
Au cours d’une conférence performée, Marta NIJHUIS raconte l’Allégorie de la Caverne de Platon, en dessinant à l’encre de Chine sur des feuilles de papier, son corps et son pinceau dansant au fil du récit.
Le dessin est ensuite cassé, éparpillé, figurant ainsi le renversement du platonisme au 20ème siècle, à l'époque où l’on ne croit plus aux grands Récits. Les étudiants, d'abord simples regardeurs, deviennent ainsi commissaires d’exposition et nouveaux auteurs, leur rôle étant de trouver une nouveau récit pour ce grand dessin, un récit échappant au grand récit du platonisme et partant dans les directions multiples ouvertes théoriquement par la pensée de Nietzsche.
Les fragments de l'œuvre , séparés et recombinés, ont donc trouvé de nouveaux lieux d’accueil dans l’espace multiple et labyrinthique de la ville de Lyon, constituant ainsi cette exposition éphémère et nomade.
"Dans un amphithéâtre de l’Université Jean Moulin Lyon 3, deux histoires se racontent et sont racontées, simultanément, l’une dans l’autre : une artiste fait couler de l’encre, trace des lignes ; des étudiants filment, enregistrent. Marta NINJHUIS donne corps sous les yeux des étudiants du Master 2 Esthétique et cultures visuelles à sa double création. Celle, éphémère, du spectacle presque dansé d'un corps peignant l’œuvre et d'une voix narrant un récit - l’Allégorie platonicienne de la Caverne - et celle, non disjointe de la première mais qui allait lui survivre, de l’œuvre plastique.
Créée comme un corps, cette œuvre s'apprêtait pourtant à être morcelée, à exploser devant nous dans un démembrement empreint d'une certaine violence. L’œuvre d’art prend ici sens dans sa décomposition, car il est bien « des destructions nécessaires » (Miller) à la création.
Le parti pris de l'exposition est schismatique, c'est celui d'un éclatement délibéré de l’œuvre : avec cet éclatement, il nous apparaît que le récit lui-même n'est plus tenu par une autorité logique et préétablie. Morcelée dès le départ, l’œuvre est pensée pour être décomposée. Ce geste désigne la volonté de l’artiste de mettre fin à la conception traditionnelle de la Vérité, affirmée par l’Allégorie de la Caverne comme unique et totalisante.
Le tout se désolidarise, le simple devient complexe, l'Un de Parménide se métamorphose en multiple héraclitéen. La fragmentation a pour effet d'éliminer toute linéarité du récit. Chaque image, initialement composante d'un récit unifié supérieur, contient dès lors sa propre trame, son propre langage, indépendants aux autres particules dispersées. L'exposition, le récit, l'image s'ouvrent par plusieurs côtés en un montage anachronique et aspatial. L’œuvre-récit s’étend et s’allonge donc dans la durée et dans l’espace, hors des frontières matérielles d’un lieu.
Les étudiants partent, chacun avec un fragment de l’œuvre ; ils flânent dans un Lyon pluvieux pour transformer l’œuvre en un spectacle collectif et paradoxalement inénarrable, pour faire vivre l’œuvre dans le chaosmos du paysage citadin construisant ainsi une toute nouvelle œuvre infiniment changeante, éphémère, immortalisée par les partialités kaléidoscopiques d’une série de snapshots. Séparer la ligne, c’est ainsi décider le temps, le lieu, photographier des instants, idées sensibles potentielles, rouvrir des seuils de visibilité là où l’artiste décida tantôt d’arrêter son geste.
Sommeillant entre les ruelles, l’œuvre-scission change les formes du visible, renverse l’ordre des déterminations si bien qu’on ne fait plus de dissociation entre les fragments de l’œuvre et le tissu urbain. Nous sommes confrontés à des fragments-univers de l’espace quotidien : la rue, les bars, les quais.
L’espace public devient une galerie d’art à ciel ouvert. Toutes les choses insignifiantes du quotidien sont revitalisées. Chaque fragment d’art, chaque morceau d’émerveillement, actionne un sens particulier à l’espace qui l’accueillit et devient le début d’une nouvelle histoire.
C’est comme si les images et les choses se faisaient écho les unes aux autres, faisant éclore une poésie de la présence-absence, une danse d’opposés.
L’œuvre remise en ces lieux ordinaires fait signe, elle nous fait signe au sens double accordé par l’expression. Elle nous regarde autant qu’alors nous la voyons. Divaguant, errant entre la tension du visible et de l’invisible, du tout et du multiple, l’œuvre se contemple. De prime abord autoréférentielle et exceptionnelle, elle se révèle elle-même un miroitement du monde."
Les étudiants du Master 2
Esthétique et cultures visuelles
Promotion 2020-21
Marta NIJHUIS
artiste transmédia,
philosophe & auteure
Née à Milan, Marta NIJHUIS vit et travaille depuis 2009 à Lyon, où elle enseigne au niveau universitaire.
Son œuvre est axée sur la mémoire culturelle, l’ombre et la déformation et se base sur l’observation de la diversité dans la Nature.
Découvrez sa résidence d'artiste à Lyon 3
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