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Ecrire le Sida
Evènement | 1 décembre 2009
de 9h à 17h
Journée d'étude organisée par Nicolas BALUTET (Centre de Recherche en Littérature Jean Prévost - Groupe Ecriture de la marge, marges de l'écriture MARGE).
Au début des années 80, l'apparition du sida va se traduire par l'émergence d'une littérature sur cette nouvelle "peste" qui vient mettre à mal les certitudes de notre société et ranimer des terreurs séculaires.
La littérature du sida est majoritairement "homosexuelle". La raison ressortit à l'impact de la pandémie sur cette communauté. Qualifié un peu vite de "cancer gay" au début des années 80, le sida va détériorer la situation alors en voie d'amélioration - des homosexuels dans la société en élargissant l'association traditionnelle "homosexualité = maladie" à l'équation "homosexualité = sida". La maladie, associée à des pratiques sexuelles perverses et excessives, va apparaître dès lors comme une punition justifiée de la déviance.
Si l'âge d'or de ces récits se situe entre 1987 et 1995, le sida est, depuis, abordé selon d'autres angles qu'il conviendra d'analyser également : les enfants, les femmes, les hémophiles, les transfusés, les drogués, les détenus, les prostituées, etc.
Les textes littéraires sur la maladie constituent une véritable contribution à la médecine. En effet, l'écrivain possède une capacité d'observation de soi et des autres et une faculté à l'exprimer par des mots. On s'intéressera donc dans cette perspective à la narration clinique du sida qui se manifeste, notamment, par un grand souci d'objectivité et des descriptions physiques de la maladie nous renvoyant au registre naturaliste. Par ailleurs, la littérature du sida fait la part belle à l'éclatement de la texture romanesque en récits, digressions, enchâssements, nouvelles formes textuelles, qui ne sont pas sans rappeler la circulation du virus et la désorganisation du corps.
Le sida, qui remet sur le devant de la scène la mort "jeune" invite à analyser les liens entre éros et thanatos dans la mesure où, dans la majorité des récits, c'est l'acte d'amour humain qui engendre la mort. Cette confrontation avec la mort, de longue tradition littéraire, ouvre des questionnements sur la solitude, la souffrance physique et morale, Dieu et la spiritualité, le néant, en même temps qu'elle marque la rencontre des espaces privé et public, du personnel et du collectif.
La journée d'étude s'intéressera aussi aux deux types d'écriture que semble privilégier la littérature du sida. Le premier, d'inspiration intimiste, comporte un nombre restreint de personnages et présente une expérience subjective du sida et de ses contrecoups sur l'environnement familial ou sentimental. Le second a une préoccupation davantage sociopolitique (structure et intrigue plus complexes, personnages plus nombreux, analyse politique et scientifique du phénomène).
A l'heure où le sida apparaît de plus en plus comme une maladie chronique par le développement des polythérapies qui permettent de prolonger la vie, on évaluera la répercussion des progrès médicaux sur les oeuvres produites ces dernières années et on essayera d'examiner la place de la littérature du sida dans le champ de production littéraire.
A l'issue de la Journée, à 17 heures, aura lieu le vernissage de l'exposition "Séropositivisme" de Dominique Marthouret.
Responsable scientifique : Nicolas BALUTET
La littérature du sida est majoritairement "homosexuelle". La raison ressortit à l'impact de la pandémie sur cette communauté. Qualifié un peu vite de "cancer gay" au début des années 80, le sida va détériorer la situation alors en voie d'amélioration - des homosexuels dans la société en élargissant l'association traditionnelle "homosexualité = maladie" à l'équation "homosexualité = sida". La maladie, associée à des pratiques sexuelles perverses et excessives, va apparaître dès lors comme une punition justifiée de la déviance.
Si l'âge d'or de ces récits se situe entre 1987 et 1995, le sida est, depuis, abordé selon d'autres angles qu'il conviendra d'analyser également : les enfants, les femmes, les hémophiles, les transfusés, les drogués, les détenus, les prostituées, etc.
Les textes littéraires sur la maladie constituent une véritable contribution à la médecine. En effet, l'écrivain possède une capacité d'observation de soi et des autres et une faculté à l'exprimer par des mots. On s'intéressera donc dans cette perspective à la narration clinique du sida qui se manifeste, notamment, par un grand souci d'objectivité et des descriptions physiques de la maladie nous renvoyant au registre naturaliste. Par ailleurs, la littérature du sida fait la part belle à l'éclatement de la texture romanesque en récits, digressions, enchâssements, nouvelles formes textuelles, qui ne sont pas sans rappeler la circulation du virus et la désorganisation du corps.
Le sida, qui remet sur le devant de la scène la mort "jeune" invite à analyser les liens entre éros et thanatos dans la mesure où, dans la majorité des récits, c'est l'acte d'amour humain qui engendre la mort. Cette confrontation avec la mort, de longue tradition littéraire, ouvre des questionnements sur la solitude, la souffrance physique et morale, Dieu et la spiritualité, le néant, en même temps qu'elle marque la rencontre des espaces privé et public, du personnel et du collectif.
La journée d'étude s'intéressera aussi aux deux types d'écriture que semble privilégier la littérature du sida. Le premier, d'inspiration intimiste, comporte un nombre restreint de personnages et présente une expérience subjective du sida et de ses contrecoups sur l'environnement familial ou sentimental. Le second a une préoccupation davantage sociopolitique (structure et intrigue plus complexes, personnages plus nombreux, analyse politique et scientifique du phénomène).
A l'heure où le sida apparaît de plus en plus comme une maladie chronique par le développement des polythérapies qui permettent de prolonger la vie, on évaluera la répercussion des progrès médicaux sur les oeuvres produites ces dernières années et on essayera d'examiner la place de la littérature du sida dans le champ de production littéraire.
A l'issue de la Journée, à 17 heures, aura lieu le vernissage de l'exposition "Séropositivisme" de Dominique Marthouret.
Responsable scientifique : Nicolas BALUTET
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INFOS PRATIQUES
Type
Colloque / Séminaire