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Etudes sur la pensée russe : la raison
le colloque international "Études sur la pensée russe : la raison" s'est tenu à l'Université Jean Moulin Lyon 3 les 7, 8 et 9 novembre 2007. Il faisait suite à un précédent colloque sur la notion d’altérité dans la pensée russe (Lyon, novembre 2004).
Etudes sur la pensée russe
Ce colloque était organisé conjointement par la Structure Fédérative : Institut Européen Est-Ouest que dirige Françoise Lesourd en collaboration avec l'Institut de Recherches Philosophiques. Il a été ouvert par Mikhaïl Masline et Vadim Vassiliev, respectivement chefs des départements de philosophie russe et étrangère à l'Université Lomonossov de Moscou, et par Bruno Pinchard, directeur du CRCI à Lyon 3.
La première demi-journée a été consacrée au débat entre foi et raison, illustré par des exposés de Bernard Marchadier (Société Soloviev, Paris) sur Maxime le Grec, d'Alexandre Lavrov (Paris VIII) sur Avvakum, d'André Lebedev sur le métropolite Philarète de Moscou. Stéphane Viellard (Paris IV) a évoqué cette question de la raison dans le cadre de la parémiologie, en étudiant les « tribulations rhétoriques d'un proverbe » dans le Russoj Vestnik de S. N. Glinka.
La journée du 8 novembre était consacrée à la critique du rationalisme, qui apparaît comme l'un des fils directeurs de la pensée russe moderne : Vadim Vassiliev (Université Lomonossov, Moscou) a parlé de la réception de Kant en Russie, jusqu'à l'époque récente où Mérab Mamardashvili a pu proposer une interprétation existentialiste de la pensée kantienne. Léonide Heller (Lausanne), évoquant les « raisons et raisonnements pré-postmodernes » a décrit les voies suivies par l'abstraction dans l'art russe des futuristes aux Obériou, la réduction au néant ouvrant sur une reconstruction dans laquelle se révèle la multiplicité des possibles. Pierre Caussat (Paris X), en écho au premier exposé de la matinée, a mis en évidence le conflit Logos-raison au cœur du rejet de Kant chez certains philosophes du XXe s. tels que Florenski, Boulgakov, Ern. Artyom Krotov (Université Lomonossov, Moscou) a montré les développements de la tradition cartésienne chez un philosophe comme Lopatine. Anna Kostikova (Université Lomonossov, Moscou) a comparé l'évolution des intellectuels français et russes dans les dernières décennies du XX e siècle.
L'après-midi, Mikhaïl Antonov (Saint-Pétersbourg, Faculté de droit) a dégagé les sources russes de la pensée sociologique de Gourvitch, influencé par l'idée d'unitotalité mais préoccupé de définir une totalité qui ne domine pas l'individu. Nikolaï Plotnikov (Université de Bochum), après une introduction très spirituelle sur l'habitude de citer à tout propos la phrase « tout le réel est rationnel », a montré les conditions d'émergence de la notion de « personnalité » (litchnost) en opposition à celle « d'individualité ». Rosina Neginsky (Université de Springfield, Illinois) s'est intéressée à la « raison platonicienne » dans certaines œuvres de Vladimir Soloviev - Le drame vécu par Platon, Le sens de l'amour -, et à leur prolongement chez les symbolistes russes.
La dernière partie de la journée était consacrée plus spécialement à la question du droit, avec les exposés d'André Polyakov (Saint-Pétersbourg, Faculté de droit) montrant dans l'évolution de la philosophie du droit en Russie la recherche d'un droit « intégral » dépassant la simple rationalité, et d'Alfred Sproede (Université de Münster), mettant en évidence l'enjeu que représente la réflexion sur le droit pour la modernisation du raisonnement philosophique en Russie.
La journée du 9 novembre a été plus nettement consacrée à ce qui apparaît comme une spécificité de la pensée russe, la recherche d'une « raison au-delà de la raison ». On a entendu les exposés d'Alexeï Kozyrev (Université Lomonossov, Moscou) sur le versant gnostique de la pensée de Soloviov, où rationalisme et mysticisme se confrontent, celui de Nikita Struve (Paris X) sur la même problématique (raison et mystique) dans la somme théologique de Serge Boulgakov, celui de Martine Van Goubergen (Bruxelles) sur Léon Chestov et sa dénonciation d'une « raison usurpatrice » et celui d'André Filler (Paris VIII) analysant un aspect original de la réflexion d'Eugène Troubetskoï sur la conscience, qui place en Inde la source d'inspiration de son concept de « conscience conciliaire ».
Enfin, pendant la dernière demi-journée, Françoise Lesourd (Lyon 3) a examiné quelle raison est à découvrir dans la Philosophie de l'histoire de Lev Karsavine. Ilya Platov (INALCO, Paris) a décrit le débat sur le Logos dans le contexte de la première guerre mondiale, débat dont témoignent les œuvres des philosophes Ern et Frank.
Mikhaïl Masline (Université Lomonossov, Moscou) a examiné l'histoire de la philosophie russe sous les deux aspects de « Ratio » et « Logos ». Cet exposé constituait en même temps une présentation de son Dictionnaire de la philosophie russe récemment réédité, dont plusieurs participants français à ce colloque sont les traducteurs. Vladimir Markine (Université Lomonossov, Moscou) a présenté l'œuvre d'un logicien russe encore peu connu, Nikolaï Vassiliev, collègue de Lobatchevski à l'université de Kazan et sans doute influencé par lui dans une certaine mesure. Vladimir Mironov (Université Lomonossov, Moscou) a tenté de définir la place du rationnel et de l'irrationnel dans l'espace culturel moderne.
Les conclusions du colloque ont été tirées par Bruno Pinchard et par Vladimir Markine, vice-président de l'Université Lomonossov. On espère que ce colloque aura fait progresser la connaissance de la pensée russe en l'abordant sous un angle peu traditionnel et pourtant essentiel. Il a également servi de cadre à une première prise de contact entre la Faculté de philosophie de l'université Lomonossov de Moscou et celle de Lyon 3, pour des échanges qui s'annoncent durables et fructueux.
La première demi-journée a été consacrée au débat entre foi et raison, illustré par des exposés de Bernard Marchadier (Société Soloviev, Paris) sur Maxime le Grec, d'Alexandre Lavrov (Paris VIII) sur Avvakum, d'André Lebedev sur le métropolite Philarète de Moscou. Stéphane Viellard (Paris IV) a évoqué cette question de la raison dans le cadre de la parémiologie, en étudiant les « tribulations rhétoriques d'un proverbe » dans le Russoj Vestnik de S. N. Glinka.
La journée du 8 novembre était consacrée à la critique du rationalisme, qui apparaît comme l'un des fils directeurs de la pensée russe moderne : Vadim Vassiliev (Université Lomonossov, Moscou) a parlé de la réception de Kant en Russie, jusqu'à l'époque récente où Mérab Mamardashvili a pu proposer une interprétation existentialiste de la pensée kantienne. Léonide Heller (Lausanne), évoquant les « raisons et raisonnements pré-postmodernes » a décrit les voies suivies par l'abstraction dans l'art russe des futuristes aux Obériou, la réduction au néant ouvrant sur une reconstruction dans laquelle se révèle la multiplicité des possibles. Pierre Caussat (Paris X), en écho au premier exposé de la matinée, a mis en évidence le conflit Logos-raison au cœur du rejet de Kant chez certains philosophes du XXe s. tels que Florenski, Boulgakov, Ern. Artyom Krotov (Université Lomonossov, Moscou) a montré les développements de la tradition cartésienne chez un philosophe comme Lopatine. Anna Kostikova (Université Lomonossov, Moscou) a comparé l'évolution des intellectuels français et russes dans les dernières décennies du XX e siècle.
L'après-midi, Mikhaïl Antonov (Saint-Pétersbourg, Faculté de droit) a dégagé les sources russes de la pensée sociologique de Gourvitch, influencé par l'idée d'unitotalité mais préoccupé de définir une totalité qui ne domine pas l'individu. Nikolaï Plotnikov (Université de Bochum), après une introduction très spirituelle sur l'habitude de citer à tout propos la phrase « tout le réel est rationnel », a montré les conditions d'émergence de la notion de « personnalité » (litchnost) en opposition à celle « d'individualité ». Rosina Neginsky (Université de Springfield, Illinois) s'est intéressée à la « raison platonicienne » dans certaines œuvres de Vladimir Soloviev - Le drame vécu par Platon, Le sens de l'amour -, et à leur prolongement chez les symbolistes russes.
La dernière partie de la journée était consacrée plus spécialement à la question du droit, avec les exposés d'André Polyakov (Saint-Pétersbourg, Faculté de droit) montrant dans l'évolution de la philosophie du droit en Russie la recherche d'un droit « intégral » dépassant la simple rationalité, et d'Alfred Sproede (Université de Münster), mettant en évidence l'enjeu que représente la réflexion sur le droit pour la modernisation du raisonnement philosophique en Russie.
La journée du 9 novembre a été plus nettement consacrée à ce qui apparaît comme une spécificité de la pensée russe, la recherche d'une « raison au-delà de la raison ». On a entendu les exposés d'Alexeï Kozyrev (Université Lomonossov, Moscou) sur le versant gnostique de la pensée de Soloviov, où rationalisme et mysticisme se confrontent, celui de Nikita Struve (Paris X) sur la même problématique (raison et mystique) dans la somme théologique de Serge Boulgakov, celui de Martine Van Goubergen (Bruxelles) sur Léon Chestov et sa dénonciation d'une « raison usurpatrice » et celui d'André Filler (Paris VIII) analysant un aspect original de la réflexion d'Eugène Troubetskoï sur la conscience, qui place en Inde la source d'inspiration de son concept de « conscience conciliaire ».
Enfin, pendant la dernière demi-journée, Françoise Lesourd (Lyon 3) a examiné quelle raison est à découvrir dans la Philosophie de l'histoire de Lev Karsavine. Ilya Platov (INALCO, Paris) a décrit le débat sur le Logos dans le contexte de la première guerre mondiale, débat dont témoignent les œuvres des philosophes Ern et Frank.
Mikhaïl Masline (Université Lomonossov, Moscou) a examiné l'histoire de la philosophie russe sous les deux aspects de « Ratio » et « Logos ». Cet exposé constituait en même temps une présentation de son Dictionnaire de la philosophie russe récemment réédité, dont plusieurs participants français à ce colloque sont les traducteurs. Vladimir Markine (Université Lomonossov, Moscou) a présenté l'œuvre d'un logicien russe encore peu connu, Nikolaï Vassiliev, collègue de Lobatchevski à l'université de Kazan et sans doute influencé par lui dans une certaine mesure. Vladimir Mironov (Université Lomonossov, Moscou) a tenté de définir la place du rationnel et de l'irrationnel dans l'espace culturel moderne.
Les conclusions du colloque ont été tirées par Bruno Pinchard et par Vladimir Markine, vice-président de l'Université Lomonossov. On espère que ce colloque aura fait progresser la connaissance de la pensée russe en l'abordant sous un angle peu traditionnel et pourtant essentiel. Il a également servi de cadre à une première prise de contact entre la Faculté de philosophie de l'université Lomonossov de Moscou et celle de Lyon 3, pour des échanges qui s'annoncent durables et fructueux.