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Evènement | 24 janvier 2020
Hommage au professeur Stéphane Doumbé-Billé - Temple du Change, Lyon le 24 janvier 2020
Vignette Stephane Doumbe-Bille
Un pilier.
C’est un pilier de notre Faculté qui s’effondre avec la disparition de notre ami Stéphane.
J’ai fait sa connaissance en septembre 2010, lors de ma nomination à Lyon, où je venais de poser mes valises après de nombreuses années de vie parisienne.
Il m’a accueilli avec une chaleur sans pareille, en venant me chercher à la bibliothèque de l’Institut d’études administratives où il savait me trouver. Il m’a fait les honneurs d’une maison qu’il connaissait déjà très bien pour l’avoir rejointe en 1997, après avoir exercé ses fonctions à Boulogne-sur-Mer, Limoges et Toulouse.
Si je débute mon hommage par ce souvenir, c’est sans doute parce qu’il me permet, dans ce moment difficile, d’avoir à l’esprit l’homme rayonnant qu’il était, celui qui me conduisait d’un escalier à l’autre, avec un sourire souvent taquin, mais toujours radieux, de couloirs en couloirs, au rythme d’une conversation qui témoignait de l’intérêt qu’il me portait, et qui m’a porté jusqu’au terme de notre grand périple, où il a fait mine d’arriver par hasard : le Centre de droit international ! Et là, comme vous pouvez l’imaginer, vous qui le connaissez parfaitement, c’est la passion pour son centre et pour sa discipline qu’il s’est empressé de me faire partager.
Mais si je vous raconte cette première rencontre c’est aussi pour ce qu’elle décrit du personnage qu’il était dans la vie académique. D’une grande courtoisie envers ses collègues, il était attaché aux usages universitaires qu’il appréciait. Et en accueillant le jeune collègue que j’étais de manière si chaleureuse, il donnait sens à la communauté universitaire que nous formons, celle qui vient aujourd’hui lui rendre hommage.
Pour Stéphane, la communauté universitaire était d’abord celle de la Faculté de droit de Lyon, où il a construit de solides édifices et noué d’indéfectibles liens d’amitiés, mais aussi la communauté des universitaires au sens le plus universel de ce terme, qui rassemble ses frères de Limoges, et de Toulouse, mais aussi ceux d’Alexandrie, de Cotonou, de Tunis, d’Hanoï, ou encore de Cotounou, Dakar, Douala, Lomé, Ouagadoudou, Yaoundé, pour m’en tenir aux grandes universités francophones dans lesquelles il était, à ma connaissance, le plus investi.
À l’heure où l’on parle tant des universités de rang mondial, on peut dire que notre collègue Stéphane Doumbé-Billé était un professeur de rang mondial.
Quoi de plus normal, me direz-vous, pour l’enfant de Douala ayant rejoint Toulouse à l’âge de l’adolescence, pour ce camerounais récemment naturalisé français.
Quoi de plus normal, ajouterez-vous, pour un professeur de droit international public ?
Mais s’attendrait-on à ce qu’un professeur de droit international public investisse, comme il l’a fait, le champ du droit de l’environnement ?
Car en plus de ses engagements en faveur du développement, de la francophonie et de la protection des droits de l’homme, il participait à sa mesure aux combats pour la protection de la planète.
C’était aussi cela, Stéphane Doumbé-Billé, un professeur engagé dans la cause environnementale, qui a su rapidement comprendre dans le sillage du sommet de Rio de 1992, que « le droit international constituait la matrice juridique naturelle de la protection de l’environnement », comme il l’écrivait dans un ouvrage collectif publié chez Pedone en 2004. Le droit international de l’environnement était devenu sa cause. Ces dernières années, il s’était par exemple beaucoup investi en faveur du Pacte mondial pour l’environnement et faisait partie du groupe international d’experts présidé par Laurent Fabius en vue de faire avancer les discussions.
Il me serait possible de vous entretenir encore longtemps de ses actions et de ses nombreux projets, mais je préfère laisser à ceux qui l’on accompagné au plus près le soin de le faire pour nous. C’est à eux que je cède la place, en terminant par ces mots de Virgile : « Un travail infatigable vient à bout de tout », qui traduisent tant la légendaire opiniâtreté de notre ami Stéphane Doumbé-Billé, que sa volonté - forçant l’admiration - de ne jamais cesser sa tâche auprès de nos étudiants ni son œuvre au profit de la Terre et de l’Humanité, même dans les moments les plus déraisonnables où le corps ne répond plus.
le travail infatigable vient à bout de tout, il a fini, pour notre plus grande tristesse, par venir à bout de lui.
Repose en paix, Cher Collègue, Cher Ami.
Hervé de Gaudemar
Doyen de la Faculté de droit
C’est un pilier de notre Faculté qui s’effondre avec la disparition de notre ami Stéphane.
J’ai fait sa connaissance en septembre 2010, lors de ma nomination à Lyon, où je venais de poser mes valises après de nombreuses années de vie parisienne.
Il m’a accueilli avec une chaleur sans pareille, en venant me chercher à la bibliothèque de l’Institut d’études administratives où il savait me trouver. Il m’a fait les honneurs d’une maison qu’il connaissait déjà très bien pour l’avoir rejointe en 1997, après avoir exercé ses fonctions à Boulogne-sur-Mer, Limoges et Toulouse.
Si je débute mon hommage par ce souvenir, c’est sans doute parce qu’il me permet, dans ce moment difficile, d’avoir à l’esprit l’homme rayonnant qu’il était, celui qui me conduisait d’un escalier à l’autre, avec un sourire souvent taquin, mais toujours radieux, de couloirs en couloirs, au rythme d’une conversation qui témoignait de l’intérêt qu’il me portait, et qui m’a porté jusqu’au terme de notre grand périple, où il a fait mine d’arriver par hasard : le Centre de droit international ! Et là, comme vous pouvez l’imaginer, vous qui le connaissez parfaitement, c’est la passion pour son centre et pour sa discipline qu’il s’est empressé de me faire partager.
Mais si je vous raconte cette première rencontre c’est aussi pour ce qu’elle décrit du personnage qu’il était dans la vie académique. D’une grande courtoisie envers ses collègues, il était attaché aux usages universitaires qu’il appréciait. Et en accueillant le jeune collègue que j’étais de manière si chaleureuse, il donnait sens à la communauté universitaire que nous formons, celle qui vient aujourd’hui lui rendre hommage.
Pour Stéphane, la communauté universitaire était d’abord celle de la Faculté de droit de Lyon, où il a construit de solides édifices et noué d’indéfectibles liens d’amitiés, mais aussi la communauté des universitaires au sens le plus universel de ce terme, qui rassemble ses frères de Limoges, et de Toulouse, mais aussi ceux d’Alexandrie, de Cotonou, de Tunis, d’Hanoï, ou encore de Cotounou, Dakar, Douala, Lomé, Ouagadoudou, Yaoundé, pour m’en tenir aux grandes universités francophones dans lesquelles il était, à ma connaissance, le plus investi.
À l’heure où l’on parle tant des universités de rang mondial, on peut dire que notre collègue Stéphane Doumbé-Billé était un professeur de rang mondial.
Quoi de plus normal, me direz-vous, pour l’enfant de Douala ayant rejoint Toulouse à l’âge de l’adolescence, pour ce camerounais récemment naturalisé français.
Quoi de plus normal, ajouterez-vous, pour un professeur de droit international public ?
Mais s’attendrait-on à ce qu’un professeur de droit international public investisse, comme il l’a fait, le champ du droit de l’environnement ?
Car en plus de ses engagements en faveur du développement, de la francophonie et de la protection des droits de l’homme, il participait à sa mesure aux combats pour la protection de la planète.
C’était aussi cela, Stéphane Doumbé-Billé, un professeur engagé dans la cause environnementale, qui a su rapidement comprendre dans le sillage du sommet de Rio de 1992, que « le droit international constituait la matrice juridique naturelle de la protection de l’environnement », comme il l’écrivait dans un ouvrage collectif publié chez Pedone en 2004. Le droit international de l’environnement était devenu sa cause. Ces dernières années, il s’était par exemple beaucoup investi en faveur du Pacte mondial pour l’environnement et faisait partie du groupe international d’experts présidé par Laurent Fabius en vue de faire avancer les discussions.
Il me serait possible de vous entretenir encore longtemps de ses actions et de ses nombreux projets, mais je préfère laisser à ceux qui l’on accompagné au plus près le soin de le faire pour nous. C’est à eux que je cède la place, en terminant par ces mots de Virgile : « Un travail infatigable vient à bout de tout », qui traduisent tant la légendaire opiniâtreté de notre ami Stéphane Doumbé-Billé, que sa volonté - forçant l’admiration - de ne jamais cesser sa tâche auprès de nos étudiants ni son œuvre au profit de la Terre et de l’Humanité, même dans les moments les plus déraisonnables où le corps ne répond plus.
le travail infatigable vient à bout de tout, il a fini, pour notre plus grande tristesse, par venir à bout de lui.
Repose en paix, Cher Collègue, Cher Ami.
Hervé de Gaudemar
Doyen de la Faculté de droit