"Jours de colère" libère progressivement la parole et la rage, le récital se situe à mi-chemin entre le discours à la tribune et la confidence la plus intime...
Marielle HUBERT ©Eric ALLAIN
Avec la poésie de Marielle HUBERT et la musique de Lucile DUPLA fabriquée sous nos yeux.
Par la Cie Le Théâtre Debout
Ils ont crié la faim d’être joyeux,
Ont pensé libération
Les voici mourants aujourd’hui
Que pourrons-nous regretter d’eux ?
Entrée libre & gratuite | Inscription obligatoire en ligne ou à
pointculture@univ-lyon3.fr / 04 78 78 78 00
La poésie n’est pas qu’une expression pure, mais elle peut, elle doit également se faire récit.
Jours de colère propose un récital poétique en trois temps, trois jours. Au micro, Marielle HUBERT évoque l'intimité amoureuse (Jour 1:
Récit du geste) qui précède une poésie plus théâtrale (Jour 2 :
Lettre à un théâtre). Le jour 3 (
Feue Joie) analyse le legs de la génération après-guerre à travers un poème épique.
Mon cœur pétrit mes jours sans toi
Le pain quotidien de ma famine
Sans toi dois-je m’avancer vers le Jugement,
Et que seront mes jours, boîte chérie, sans toi ?
Sans leur demander,
À mes côtés,
D’aller bravement au grand massacre clair et qui nous appelait
J’ai recompté les masques, draps, pauvres frusques
Tous les habits de fête pour fêter tes mensonges
Et dans la malle mis,
Je m’y couche aussi.
Lettre à un théâtre
La performance agit comme si le public dézoomait une image, le texte scrute et égrène les sentiments intimes dans une atmosphère de confidence, puis on recule, on lève la tête.
Voilà donc le théâtre et son cadre, les artifices des sentiments, on joue à faire semblant pour dire sa colère et faire tomber les murs.
Le spectacle prend ensuite de la hauteur sur la société à la manière d’une image prise de la plus haute tour. La parole se fait plus rythmique et plus joyeuse, la colère trouve sa raison et se délivre.
Nous avions tant besoin de bras
Et avons décidé d’agrandir leurs tympans
Pour qu’ils entendent tout
Et puissent enfin connaître l’insomnie qui invente le monde.
Feue Joie, 10
La musique habille ce récit poétique et théâtral, dialoguant avec les poèmes à l’aide d’instruments classiques (orgues, xylophone, percussions variées) et d’autres moins conventionnels chers aux bruiteurs de cinéma (casseroles, eau, couvercles en plastiques).
Elle a dirigé la compagnie lyonnaise La Folie Nous Suit, compagnie qui a vu naître de nombreux spectacles :
Les Âmes rouges, création collective sur le thème de l’inceste mère-fille ;
Le Nuage en Pantalon de MAÏAKOVSKI, dans le cadre du Printemps des Poètes 2011 ;
Avant que rien ne nous arrive du poète palestinien Anas ALAILI ;
Un Certain bestiaire de Vian MICHAUX, en partenariat avec la BHN de Lyon ;
Dommage que ce soit une putain de John FORD.
Marielle HUBERT entre à la Fémis en section scénario et en sort diplômée en 2016 et auteur d’un premier long-métrage. Aujourd’hui elle se consacre à la littérature et a rejoint en 2019 le comité de rédaction de la revue
L’Écharde qui s’attache à faire entendre la poésie contemporaine française.
La poésie est une urgence à dire le monde. Il existe souvent un décalage douloureux pour les poètes entre cette urgence et la longue attente avant que les poèmes jetés de la fenêtre de l’esprit deviennent des livres qui puissent enfin accomplir leur destin : délivrer une parole sur l’ici et le maintenant. Car c’est bien cela que la langue poétique cherche au fond : être délivrée au public et être délivrée du silence du papier. Dire la poésie contemporaine sur une scène permet de réduire ce fossé temporel, de faire ce pour quoi les poètes écrivent, l’adresse directe à ce public.
Marielle HUBERT
Lucile DUPLA, comédienne et musicienne
Comédienne pour diverses compagnies depuis la sortie de sa formation professionnelle (La Scène sur Saône, Lyon), Lucile DUPLA est active au sein du Théâtre Debout, compagnie qu’elle co-dirige aujourd’hui avec Charlotte MICHELIN.
Au gré des projets du Théâtre Debout, elle expérimente diverses dimensions artistiques, positions : comédienne, chanteuse, instrumentiste, auteur ou metteur en scène). Également comédienne pour les compagnies La Folie Nous Suit, le Théâtre d’Anoukis et Effet Act, elle présente et développe un riche panel d’expression : écriture contemporaine, drame élisabéthain, correspondance, poésie, théâtre de prévention...
Formée également à la musique de 7 à 18 ans, elle intègre depuis plusieurs années le chant et l’accompagnement à la guitare ou au piano dans son travail théâtral.