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Le travail comme témoignage
Simone WEIL - Annales doctorales n°2 sous la direction de Nadia TAÏBI
Le travail comme témoignage
L'expérience de Simone Weil à l'usine n'est pas un simple passage dans la vie ouvrière. Elle change radicalement sa perspective, non pas sur les causes de la liberté et de l'oppression sociale pour reprendre le titre de son grand oeuvre de 1934, mais sur la nature de l'exploitation des ouvriers. L'exploitation produit le malheur par delà la misère, aussi l'humiliation morale est-elle le fait essentiel. Loin de minimiser les souffrances physiques, loin de s'accommoder de la paupérisation, Simone Weil en révèle la substance. L'aliénation morale nourrit la misère comme l'oppression alimente l'exploitation. « L'ouvrier ne souffre pas seulement de l'insuffisance de la paie. Il souffre parce qu'il est relégué par la société actuelle à un rang inférieur, parce qu'il est réduit à une espèce de servitude ».
Ce cercle « oppression et exploitation » met au jour la centralité du travail dans la philosophie de Simone Weil. Car c'est en tant que philosophe qu'elle « descend » à l'usine. Le travail est prise en main des conditions réelles d'existence à l'usine. Et fondamentalement il définit l'action libre en tant que mesure de la nécessité. A l'usine le malheur voile la nécessité, la taylorisation interdit la pensée. « Le problème central », à ses yeux, est alors, comme elle le souligne en 1936, alors qu'elle commente les mouvements de juin : « le rapport entre les revendications matérielles et les revendications morales ».
Les textes publiés dans ce volume rassemblent les interventions d'une journée d'études doctorales qui a eu lieu le 3 juin 2005. Ils reprennent cette dimension de la philosophie de Simone Weil. Les angles d'analyse conviennent tous de la radicalité de son questionnement. Elle porte à la fois sur la multiplicité des plans sur lesquels s'applique le concept de travail: ontologique, politique, sociale, éthique et mystique ainsi que sur la fonction médiatrice du concept par laquelle la
pensée philosophique de Simone Weil s'impose comme une oeuvre unifiée.
La lecture de ces textes nous amène non seulement à considérer la nécessité de penser le travail, mais de manière plus cruciale peut-être, à s'intéresser à la philosophie comme travail. Je tiens à remercier leurs auteurs ainsi que Monsieur Wunenburger, doyen de la faculté de philosophie, qui rend possible cette publication.
ISBN : 2-916377-18-2
Ce cercle « oppression et exploitation » met au jour la centralité du travail dans la philosophie de Simone Weil. Car c'est en tant que philosophe qu'elle « descend » à l'usine. Le travail est prise en main des conditions réelles d'existence à l'usine. Et fondamentalement il définit l'action libre en tant que mesure de la nécessité. A l'usine le malheur voile la nécessité, la taylorisation interdit la pensée. « Le problème central », à ses yeux, est alors, comme elle le souligne en 1936, alors qu'elle commente les mouvements de juin : « le rapport entre les revendications matérielles et les revendications morales ».
Les textes publiés dans ce volume rassemblent les interventions d'une journée d'études doctorales qui a eu lieu le 3 juin 2005. Ils reprennent cette dimension de la philosophie de Simone Weil. Les angles d'analyse conviennent tous de la radicalité de son questionnement. Elle porte à la fois sur la multiplicité des plans sur lesquels s'applique le concept de travail: ontologique, politique, sociale, éthique et mystique ainsi que sur la fonction médiatrice du concept par laquelle la
pensée philosophique de Simone Weil s'impose comme une oeuvre unifiée.
La lecture de ces textes nous amène non seulement à considérer la nécessité de penser le travail, mais de manière plus cruciale peut-être, à s'intéresser à la philosophie comme travail. Je tiens à remercier leurs auteurs ainsi que Monsieur Wunenburger, doyen de la faculté de philosophie, qui rend possible cette publication.
ISBN : 2-916377-18-2