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Mauro Carbone et Jean-Sylvestre Bergé - "Être membre de l’IUF, une opportunité pour mener des recherches de longue haleine"
À l’occasion des nominations des nouveaux membres de l’Institut Universitaire de France, Jean-Sylvestre Bergé et Mauro Carbone, respectivement lauréat 2016 et 2012, nous font part de leur expérience de membre senior. Ils font partie des 12 enseignants-chercheurs de l’Université Jean Moulin, membres de l’IUF.
Jean-Sylvestre Bergé est professeur de droit, spécialisé en droit international, droit européen et droit de la propriété intellectuelle. Il est co-directeur du Réseau universitaire européen « Droit de l’espace de liberté sécurité et justice » et du Master joint européen.
>>> www.universitates.eu/jsberge
Mauro Carbone est professeur de philosophie, spécialisé dans l’esthétisme. Il dirige le Master 2 Esthétique et cultures visuelles. Il est l’auteur d’une douzaine d’ouvrages.
>>> www.maurocarbone.org/lyon
Regards croisés
Qu’est-ce qui vous a motivé à porter candidature à l’IUF ?
Mauro Carbone : Les charges pédagogiques et administratives qu’un enseignant-chercheur doit assumer en France sont telles que cela laisse peu de temps et d’énergie pour effectuer de la recherche. Être membre de l’IUF est une opportunité fondamentale pour un enseignant-chercheur car cela donne véritablement les moyens de faire de la recherche.
Jean-Sylvestre Bergé : En effet, c’est une chance et une grande liberté de disposer de moyens considérables pendant 5 ans pour mener ses travaux. C’est l’occasion de tenter une nouvelle expérience pour concrétiser des recherches de longue haleine qui ne pourraient être aussi abouties si elles étaient menées sans décharge d’enseignements.
Sur quoi portent vos recherches ?
MC : Mon projet est consacré à la question suivante : « Comment l’évolution et la prolifération des écrans aujourd’hui changent notre manière d’être au monde ? ». C’est un sujet très contemporain, lié à l’actualité de notre vie quotidienne.
JSB : Mon projet, IFITIS, vise à faire entrer dans le droit le phénomène de « circulation totale au-delà du contrôle », par un concept juridique nouveau. C’est un vrai travail de réinterrogation du droit dans son ensemble, avec une approche très multidisciplinaire.
Concrètement, comment procédez-vous ?
JSB : Je rencontre des spécialistes de toutes disciplines (économie, histoire, philosophie…) pour les interroger sur le phénomène de circulation, sans chercher à fondre les disciplines. 15 workshops de juristes en droit sont planifiés cette année dans le monde. Je vais créer des rendez-vous annuels de doctorants intéressés par le travail interdisciplinaire pour les amener petit à petit à mon sujet. Je prévois aussi d’organiser trois colloques internationaux dont le 1er se tiendra en 2018 sur le thème « technosphère et droit ». En plus des articles de mon blog, deux livres sont en préparation : l’un pour un éditeur juridique, le second dédié au grand public.
Mauro Carbone, vous arrivez au terme des 5 ans de votre contrat à l’IUF. Quel bilan en tirez-vous ?
MC : Parmi mes résultats principaux, je peux citer l’organisation d’un séminaire international mensuel en 2013-2014 sur la généalogie des écrans, puis la tenue d’un colloque international fin 2014 sur le thème « Vivre par(mi) les écrans aujourd’hui », dont les actes sont publiés dans deux ouvrages, ainsi que deux Journées d’études sur les rapports entre la philosophie, le cinéma et les médias. J’ai également publié un livre personnel sur ces sujets fin 2016, « Philosophie-écrans » (Vrin), publié en même temps en italien. Par là l’université Jean Moulin Lyon 3 est devenue l’un des interlocuteurs internationaux reconnus sur ces questions. Des liens étroits ont été établis avec des établissements prestigieux, comme avec l’université de Yale, aux Etats-Unis. Ces travaux ont aussi rejailli sur mon enseignement en Master 2 et j’ai créé une petite équipe de recherche très active : « Vivre parmi les écrans ». En septembre 2017, à l’occasion de la Biennale d’art contemporain de Lyon, nous organiserons un colloque international sur « Les pouvoirs des écrans » précisément en collaboration avec la Biennale. Ce sera, à mon grand regret, l’acte final de mon quinquennat 2012-2017 à l’IUF.
À propos de l'IUF
L’Institut Universitaire de France a été créé en 1991 pour favoriser le développement de la recherche de haut niveau dans les universités et renforcer l’interdisciplinarité. Il poursuit 3 objectifs :
- Encourager les établissements et les enseignants-chercheurs à l’excellence en matière de recherche ;
- Contribuer à la féminisation de la recherche ;
- Contribuer à rééquilibrer la recherche universitaire en France.
On compte - au 24 avril 2017 - 1 657 membres de l’IUF, juniors et seniors. Les membres sont nommés pour 5 ans non renouvelables pour les juniors et renouvelables une fois pour les seniors. A la dernière promotion du 1er octobre 2016, 70 membres juniors (de plus ou moins 40 ans) et 36 postes seniors ont été nommés et 4 seniors ont été reconduits pour 5 ans.
La sélection est exigeante : les dossiers sont validés par un jury international pour la qualité exceptionnelle de leurs recherches, l’angle innovant des projets, qui doivent être intelligibles par d’autres disciplines.
L’enseignant-chercheur membre de l’IUF est placé en position de délégation mais demeure dans son université d’appartenance. Il bénéficie d’une décharge de deux-tiers de son temps d’enseignement, sans heures complémentaires et d’un budget annuel de crédits de recherche spécifiques.